montesalerno.it

Manoscritto trovato a Saragozza

Email: info@montesalerno.it

J'étais véritablement enchanté de Montesalerno, et je m'écriai: — Le Paradis n'est pas un plus beau séjour!

— Le Paradis!... s'écria la Dame avec un air égaré; — Il a dit le Paradis!... Je vous prie de ne pas vous exprimer... Suivez-moi, Docteur Romati ... sortons d'ici! suivez-moi!

Nous nous arrêtâmes enfin dans une volière en treillage doré, laquelle était remplie des plus jolis oiseaux du tropique et des plus aimable chanteurs de nos climats. On y marchait sur un tapis de gazon frais et fin, parsemé de violettes. Le faîte et le pourtour en étaient ombragés à l'extérieur par des touffes de pampre et des clématites fleuries; et je crois me souvenir qu'on apercevait à l'extrémité de cette volière un muffle de lion (en bronze vert), qui laissait tomber une nappe d'eau très-limpide au milieu d'un bassin richement sculpté. Nous y trouvâmes une table servie avec la recherche la plus élégante, mais on n'y voyait qu'un seul couvert. (Je remarquai que la table était bien pourvue d'alimens prohibés en temps d'abstinence, mais je me promis bien de ne pas y toucher.) — Comment songe-t-on à manger dans un séjour aussi divin ? dis-je à ma belle conductrice. — Je ne saurais me résoudre à m'asseoir à cette table, à moins que vous n'ayez la bonté de m'entretenir de l'heureuse et noble personne qui possède tant de merveilles.

— Je vous dirai préliminairement, Monsieur Romati, me répondit la dame avec un air où je crus démêler un peu de suffisance et de vanité satisfaite: — Je vous dirai d'abord que les Princes de Montesalerno étaient issus des Souverains Comtes de Salerne. Le dernier titulaire était Grand d'Espagne à la création de Charles-Quint; il était en outre Grand-Amiral, Grand-Voyer, Porte-glaive héréditaire et Gonfalonier royal de Sicile; enfin, il réunissait dans sa personne à peu près tous les grands offices de la couronne de Naples, et, bien qu'il fût au service d'un autre prince, il avait une maison dont plusieurs officiers étaient titrés. Au nombre de ces derniers se trouvait le Marquis de Spinaverde, son capitaine des chasses; on dit que celui-ci possédait toute la confiance de son maître, mais toutefois c'était en la partageant avec sa femme, la Marquise de Spinaverde, Dame d'Atours de la Princesse; et de plus, avec un jeune échanson qui s'appelait Fabrice et que je n'ai jamais pu souffrir? La fille unique du Prince avait à peu près di ans lorsque sa mère mourut. A la même époque les Spinaverde quittèrent la maison de leur maître, le mari pour prendre la régie des fiefs, la femme pour diriger et surveiller l'éducation d'Elfrida. Ils avaient eu soin de laisser à Naples leur fille aînée, la Signora Laura; il paraît qu'elle avait auprès du Prince un existence équivoque, et, quoiqu'il en fût, sa mère et la jeune Princesse vinrent demeurer à Montesalerno pour y procéder sans distractions à l'éducation de cette grande héritière. Il était prescrit à tous vassaux du fief, ainsi qu'aux domestiques de la maison, de céder sans résistance à toutes mes volontés.

— A toutes vos volontés, Madame?

— Ayez la bonté de ne pas m'interrompre, répliqua-t-elle avec un peu d'humeur.

Je mettais la soumission de mes femmes à toutes sortes d'épreuves, en leur donnant des ordres contradictoires, dont elles ne pouvaient jamais exécuter que la moitié. Je les en punissais en les frappant, les égratignant, et leur enfonçant des épingles dans les bras; elles finissaient par s'enfuir du château, et la Spinaverde m'en donnait d'autres qui m'abandonnaient successivement.

Le Prince de Montesalerno tomba malade et l'on me conduisit à Naples. Je le voyais peu, mes les Spinaverde ne le quittaient pas; il mourut sans avoir eu le temps de songer à ses affaires de conscience; mais, par son testament, il avait eu la précaution de désigner le Marquis pour mon tuteur et l'administrateur de tous mes biens.

Les funérailles du Prince nous occupèrent pendant six semaines et nous retournâmes ensuite à Montesalerno, où je recommençai à battre, égratigner et pincer mes femmes de chambre. Quatre années s'écoulèrent avec assez de rapidité dans cette innocente occupation. La Spinaverde m'assurait continuellement que j'avais toujours raison, que tout le monde était fait pour m'obéir, et que ceux qui ne m'obéissaient pas assez vite ou assez bien, méritaient toute sorte de punitions.

Un soir, il arriva que toutes mes femmes me quittèrent l'une après l'autre; je me vis sur le point d'être réduite à me déshabiller toute seule ! et j'en pleurais de rage. — Chère et douce Princesse, essuyez vos beaux yeux, me dit ma gouvernante, je vous déshabillerai ce soir, et je vous amènerai demain cinq ou six femmes de chambre dont j'espère que vous serez plus satisfaite.

Le lendemain à mon réveil, la Spinaverde me présenta six grandes personnes très-belles. Leur vue me causa je ne sais quelle émotion que je ne saurais vous expliquer. Leur physionomie courageuse, énergique et passionnée m'imposa d'abord une espèce de contrainte, mais je ne tardai pas à me familiariser avec elles. Je les embrassai les unes après les autres, et je leur promis bien qu'elles ne seraient jamais ni grondées ni battues. En effet, soit qu'elle fissent quelques gaucheries en me déshabillant, ou qu'elles osassent me désobéir, je n'avais pas le courage de m'en fâcher.

— Mais, Madame, dis-je alors à la Princesse, ces grandes personnes étaient peut-être des garçons?

La Princesse me répondit avec un ton de dignité froide et tout-à-fait désintéressée: — Monsieur Romati, je vous avais prié de ne pas m'interrompre et vous auriez dû vous en souvenir.

Après quelques instans de silence, elle reprit en minaudant avec un petit air de gaieté naïve et d'ingénuité folâtre: — J'étais à songer que le jour où j'atteignis seize ans, on était venu m'annoncer une visite assez extraordinaire pour une personne de mon âge. C'était le Vice-Roi des Deux-Siciles, avec l'Ambassadeur d'Espagne et le Comte-Duc de Guadarama. Celui-ci venait pour me demander en mariage, et les deux autres étaient là pour appuyer sa proposition. Le jeune Duc avait la meilleure mine que l'on puisse imaginer, et je ne saurais nier qu'il ne m'ait paru fort agréable.

Vers le soir on proposa une promenade dans le parc ; à peine y fûmes-nous arrivés qu'un taureau furieux s'élança du milieu d'un bouquet d'arbres et vint fondre sur nous. Le Duc courut à sa rencontre, en agitant d'une main son manteau déployé, et tenant son épée dans l'autre ; le taureau s'élança sur lui, s'enferra par son épée, de lui-même, et tomba mort à mes pieds. Je me crus redevable de la vie à la valeur et la dextérité du jeune Espagnol ; mais le lendemain la Spinaverde m'assura que le même taureau avait été aposté tout exprès par un écuyer du Comte-Duc, et qu'il avait disposé tout cela pour me faire une galanterie à la mode de son pays ; je fus indignée de la supercherie qu'il m'avait faite, et je refusai sa main.

LaMarquise de Spinaverde parut enchantée de ma résolution. Elle saisit cette occasion-là pour me faire connaître les avantages et les agrémens de l'indépendance, et je compris facilement tout ce que j'aurais à perdre en me donnant un maître.

Quelque temps après, le même Vice-Roi vint encore me voir, accompagné de l'ambassadeur impérial, ainsi que du Prince-Régnant de Gorich et Crüghuiemworst. C'était un souverain dont les États sont imperceptibles sur les cartes de Germanie; mais son contingent pour les armées de l'empire était pourtant d'un homme et un quart. Il était de sa personne, grand, gros et gras ; blanc, blond et blafard. Il voulut m'entretenir des Seigneuries Immédiates et des Majorats qu'il possédait ans les état héréditaires d'Autriche ; mais en parlant Italien, il avait l'accent du Tyrol ; et tout en le contrefaisant, je l'assurai que son absence devait être un sujet d'inquiétude et d'affliction pour tous les féaux sujets qu'il avait en Carynthie ! Il s'en alla fort en colère: la Spinaverde m'accabla de caresses et de félicitations; enfin, pour me retenir plus facilement à Montesalerno, elle a fait dégarnir mon palais de Naples et fait ajuster ici les belles choses que vous y voyez.

— Oh! m'écriai-je, elle a parfaitement réussi, Madame, et ce beau lieu doit être appelé le Paradis sur la terre!

Pour cette fois, la Princesse se leva brusquement de son siége en me disant: — Romati, je vous avais ordonné de ne pas vous servir d'une expression qui m'est insupportable! — Ensuite elle se mit à rire avec une immodération convulsive, en répétant: — Le Paradis !... C'est bien le cas de parler du Paradis! Il a sujet de parler du Paradis!... tu t'en souviendras du Paradis!... Cette scène devait pénible et j'en éprouvai beaucoup d'embarras!

Aussitôt que cette étrange princesse eut repris son sérieux, elle me fit signe de la suivre. Elle ouvrit avec assez d'efforts et quelques mouvemens d'impatience une porte massive, et nous entrâmes alors dans une espèce de galerie voûtée, où mes yeux furent éblouis du plus merveilleux spectacle. Imaginez que, non loin de cette porte, et soit dit en passant, sur des socles de bresche universelle, il y avait deux paons d'or émaillé faisant la roue, dont les aigrettes étaient des gerbes très-légères et très-déliées en brillans jaunes, et dont les queues étalées étaient couvertes de pierreries assorties au plumage de ces animaux. Il était à supposer, d'après la description d'Ange Politien, que c'étaient les deux paons de Généraliffe, et je conclus qu'après la mort du Duc Alphonse de Grenade, ils étaient passés dans la collection des Princes de Montesalerno. Quoiqu'il en fût de ces deux chefs-d'œuvre lapidaires et de leurs premiers possesseurs, toujours est-il que les yeux de ces brillantes images étaient des rubis de Golconde. (Soyez persuadés que s'ils n'avaient été que des rubis de Visapour, je ne m'y serais pas trompé.... Mais poursuivons la fin de cette relation.)

Des oiseaux d'Amérique en prime d'opale, avec des perroquets dont le plumage était formé par des lames d'émeraudes, étaient placés sur des branches d'arbustes en or massif. De belles figures d'esclaves en jaspe noir étaient ajustées avec des colliers de perles rondes et des girandoles de pendeloques du plus bel orient : ils nous présentaient des plats d'or où l'on voyait des bouquets et des épis de diamans, des touffes de cerises en grenats suriens, de mirabelles de topaze, et finalement des raisins sculptés en bloc d'améthiste de la plus vieille roche. Dans plusieurs vasques de porphyre et de larges coupes en bresche d'Afrique, ou voyait amoncelées des pièces d'or monnoyé de tous les siècles et de tous les pays, et principalement des quadruples d'Espagne au coin du Roi Philippe III. Enfin, mille autres curiosités prodigieuses avaient été réunies dans ce nouvel Elo-Hélim, et j'étais passé de la surprise à l'état de stupéfaction. »

Ici, le Docteur Romati fut interrompu par un voyageur Castillan, qui se trouvait en visite au palais Spinelli, et qui lui demanda fièrement et sèchement : — Si c'est qu'il n'était jamais entré dans les trésors de l'Escurial?

— Jamais, répondit modestement le Docteur, mais j'avais lu plusieurs fois la Régola sagristica du vatican, l'ancien Mémorial du Louvre, la description de la Voûte-Verte à Dresde, et je ne suis pas l'ignorant compositeur d'un conte arabe. On dirait, Seigneur Cavalier, que vous avez l'intention de me reprocher mon étonnement ? Si vous vous contentiez d'objecter que, parmi les archéologues et les voyageurs amis des arts, il n'en est pas un qui n'ait vu des choses pareilles à toutes celles que je vous ai citées, j'en conviendrais sans la moindre hésitation ; mais considérez, s'il vous plaît, poursuivit le Docteur avec un air de probité scientifique, considérez, s'il vous plaît, Seigneur Cavalier, que des raretés aussi splendides, et des joyaux d'une aussi grande somptuosité ne se rencontrent jamais qu'isolément et comme par échantillon, dans les musées, les sacristies pontificales et les appartemens royaux : aussi vous puis-je assurer que ma surprise et mes exclamations ont porté, non pas sur l'existence ou la magnificence de ces objets, mais uniquement sur le choix, l'ordonnance et la réunion d'un si grand nombre de curiosités dont je n'avais jamais vu le catalogue, et dont je n'avais pas même entendu citer la collection.

Après une digression si bien à sa place et si nécessaire à la justification du jeune savant, Romati poursuivit ainsi le fil de sa narration.

La charmante Elfrida fut alors s'asseoir sur une pile de coussins de brocard où elle me fit prendre place à côté d'elle. Après m'avoir parlé pendant quelque temps avec une affabilité surprenante, elle en vint à me regarder avec des yeux si passionnés et à me dire des choses tellement flatteuses sur la beauté de ma taille et la fraîcheur de mon teint, que je lui supposai naturellement quelque projet de malveillance ou tout au moins d'ironie à mon égard ; mais je ne tardai pas à m'apercevoir qu'elle avait encore une autre intention que celle de me persifler, car elle se permit envers moi des familiarités singulières !... Nous étions si rapprochés que ma poitrine touchait la sienne, et il n'aurait tenu qu'à moi que son visage restât collé sur le mien !... Quoiqu'elle eût les dents parfaitement blanches, je m'aperçus qu'elle avait les gencives et la langue absolument noires, et j'en éprouvai je ne sais quelle inquiétude mystérieuse et quelle indisposition dont elle ne put jamais triompher. Il ne faut pas oublier que nous étions dans la nuit du jeudi saint au vendredi....

— Il m'avait pris fantaisie de répéter encore une fois le mot Paradis, pour voir l'effet qu'il allait produire sur cette extraordinaire personne ; j'eus le malheur de céder à cette curiosité funeste, et vous allez voir que je ne tardai pas à m'en repentir.

— Madame, excusez-moi, lui dis-je avec un ton d'exaltation résolue, excusez-moi si je vous soutiens encore une fois que vous m'avez montré les cieux ouverts et le Paradis sur la terre!...

La Princesse me sourit alors avec un air de douceur et de bienveillance inattendue. — Pour vous mettre à lieu de connaître et d'apprécier tous les agrémens de Montesalerno, répliqua-t-elle, je vais vous faire faire connaissance avec les grandes et belles personnes dont je vous ai parlé.

En disant ces mots, elle avait pris une clé qui se trouvait à sa portée, et elle fut ouvrir un grand coffre couverte de velours noir et serre par des agrafes d'argent ; mais à peine eut-elle soulevé le couvercle, qu'il en sortit un squelette énorme, et qu'il s'élança vers moi d'un air provocateur. Quoiqu'il eût franchi d'un saut l'espace qui nous séparait, j'avais eu le temps de tirer mon épée ; mais le squelette, s'arrachant à lui-même son bras gauche, s'en escrima comme d'une espèce de fléau et m'assailit avec une fureur inconcevable. Je vous puis assurer que je me défendais à coups de pommeau d'épée, de manière à lui démonter la carcasse et lui rompre les os ! Mais voilà qu'un autre squelette arriva précipitamment, arracha une côte à son camarade et m'en donner de grands coups sur la tête ! un troisième était sorti du coffre avec un air de précaution perfide ; il était venu m'entourer de ses bras décharnés et m'étreignait de manière à me faire rendre l'âme. Il me fit à la joue droite une morsure abominable, et vous ne sauriez vous figurer combien il est contrariant de se voir et de sentir mordu par une tête de mort !... Je l'avais pris à la gorge, en m'accrochant à ses vertèbres et me soulevant par saccades avec l'intention de le décapiter ! Il était le plus grand, le plus fort, le plus traître, et c'est celui qui m'a causé le plus d'embarras ! Enfin, m'apercevant que les trois derniers squelettes accouraient pour se mettre de la partie, et ne pouvant espérer sortir avec honneur de cette lutte ostéologique, je me retournai du côté de cette méchante femme et je lui criai: — Miséricorde! au nom de Dieu!

Elle fit signe aux squelettes de lâcher prise, ensuite elle me dit d'un air expressif: — Allez ! et souvenez-vous toute votre vie de ce que vous avez vu cette nuit ! en même temps elle me saisit par le bras gauche, où je sentis une douleur cuisante, et je m'évanouis.

Je ne saurais vous dire au juste combien de temps je restai sans connaissance. Lorsque je revins à moi, j'entendis psalmodier; je vis autour de moi de vastes ruines; j'arrivai dans une espèce de cloître au milieu duquel était un cimetière, et finalement je parvins à une chapelle, où je trouvai des moines observantins qui récitaient le petit office de St-François. Aussitôt que les heures canoniales de laudes et de prime furent terminées, le Supérieur me proposa d'entrer dans sa cellule, et tâchant de recueillir mes esprits, je lui racontai ce qui m'était arrivé pendant la nui ; le religieux regarda ma blessure au visage et me demanda si je ne portais pas aussi quelque stygmate à la partie du bras que le fantôme avait saisie ? Je relevai ma manche, et je vis en effet que mon bras paraissait avoir été brûlé et qu'il portait la marque des cinq doigts de l'affreuse Princesse.

Le superieur ouvrit alors une cassette en forme de reliquaire; il y prit un parchemin scellé d'une large bulle d'argent: — Voici, me dit-il, la décrétale de notre fondation, dont vous pouvez prendre lecture : elle suffira pour vous éclairer sur tout ce que vous avez éprouvé pendant cette nuit. Je déroulai cette charte pontificale et j'y trouvai ce qui va suivre:

« A la profonde affliction des anges et de notre cœur paternel, il était notoire à nous, ainsi qu'à nos vénérables frères les Cardinaux de la Sainte Église Romaine, que, par un esprit d'orgueil et d'aveuglement inspiré de l'enfer, Elfrida Cesarini de Montesalerno s'était vantée d'avoir ici-bas la jouissance et la possession du Paradis, en déclarant avec des paroles de blasphème et d'horribles outrages envers les saluts, qu'elle reniait, déniait and voulait renoncer à la participation du véritable Paradis, comme il nous est promis dans la vie éternelle. Toutefois, à l'éternelle confusion de l'esprit du mal, dans la nuit du jeudi saint au vendredi, l'année du salut, M. VC. III, induction IX, et de notre pontificat la sixième, un tremblement de terre abîma son palais, où cette malheureuse est ensevelie sous les ruines, avec les fauteurs de ses débauches et les complices de son impiété. Ayant été prévenus par nos chers fils les Archiprêtre et Archidiacre de l'Église cathédrale de Salerne (le siège vacant) que l'emplacement de cette demeure était devenu le séjour de Satan, où les malins esprits osent obséder par de lamentables fascinations, non-seulement les voyageurs étrangers qui visitent les restes dudit palais, mais encore les fidèles chrétiens, habitans dudit lieu de Montesalerno, Nous, Alexandre VI, Serviteur des Serviteurs de Dieu, etc., déclarons autoriser la fondation d'un prieuré dans l'enceinte de ces mêmes ruines, ayant accordé la présente à Rome, en notre château pontifical de Saint-Ange, et l'ayant fait sceller de l'anneau du Pêcheur.... » Je ne me souviens plus du reste de la bulle.

Le Supérieur m'apprit que les obsessions étaient devenues moins fréquentes, mais il me dit qu'elles se renouvelaient assez ordinairement dans la nuit du jeudi au vendredi saint. Il me conseilla de faire dire une messe pro defunctis et d'y assister avec recueillement ; je suivis son conseil, et je partis bientôt pour continuer mon voyage. Je n'ai jamais eu peur ni des revenans ni des squelettes : je ne suis plus en butte à leurs mystifications, mais tout ce que j'ai vu et éprouvé pendant cette nuit de Montesalerno m'a laissé je ne sais quelle inquiétude et quelle impression de contrariété qui ne saurait effacer. En disant ceci, Romati releva sa manche et nous fit voir son bras, où l'on distinguait effectivement la forme des doigts de la Princesse avec des marques de brûleur.

Diese Web-Visitenkarte ist ein Service von easyname.com.
Für den Inhalt ist der Benutzer selbst verantwortlich, easyname.com macht sich den Inhalt nicht zu eigen.